Le plastique, le verre, l'aluminium
Et s'il n'y avait pas de meilleure solution ?
Beaucoup de mes confrères se vantent que leurs contenants en verre ou en aluminium sont bien mieux que ceux en plastique, parce que le plastique est issu de la pétrochimie. Certes. Mais comment fabrique-t-on le verre et l'aluminium ? Avec quelles matières premières ? Avec quels impacts sur l'environnement ?
Pour rappel,
la matière première pour fabriquer de l'aluminium, c'est une roche sédimentaire, appelée bauxite, dont l'extraction génère des déchets chimiques toxiques pour l'Homme et la biodiversité.
❓ La solution serait-elle dans l'utilisation de verre, d'aluminium et de plastique recyclés ? bien sûr !! Les filières existent-elles pour les contenants en cosmétiques ? Vous verrez que des alternatives existent, et pas dans ce que vous avez l'habitude d'entendre.
LE PLASTIQUE
La composition
La matière première : le pétrole
On accède au pétrole par forage de nos sous-sols. Il est nécessaire "d'explorer" pour trouver le pétrole, donc de forer à divers endroits avant de tomber sur le bon gisement.
Une fois le gisement découvert, le pétrole est extrait à l’aide de systèmes pressurisés par injection d’eau ou de gaz. Le pétrole brut est alors chauffé pour séparer la matière liquide de la matière volatile. De toutes ces différentes matières, on obtient le fuel (pour le chauffage), le gazole et le kérosène (pour le carburant) ou le naphta (nécessaire dans la fabrication du plastique), mais aussi des composants qui entreront dans la fabrication des colorants, des engrais, des produits cosmétiques, des parfums, des médicaments ou divers produits ménagers.
La fabrication
Le processus de transformation
Une fois obtenu, le naphta doit encore être transformé pour être utilisé par l'industrie du plastique.
1️⃣ Le craquage : On mélange le naphta à de la vapeur d’eau, on porte à 800°C puis on baisse brutalement la température à 400°C.
2️⃣ On obtient des molécules constituées de 2 à 7 atomes de carbone, appelées monomères.
3️⃣ C'est de ces monomères qu'on forme des polymères, le cœur de la matière plastique.
4️⃣ Un autre composant issu du pétrole doit être extrait pour former le plastique que nous utilisons : le gaz naturel. Celui-ci est récupéré pour sa teneur en éthane, qui une fois chauffées à 850°C, les molécules se séparent et forment un mélange d’hydrogène et d’éthylène. Seul l’éthylène est utilisé pour former les futurs polymères solides, appelés polyéthylènes, ou plus communément appelé plastiques PE pour tous nos emballages. Le plastique PET (polyéthylène téréphtalate), un dérivé du plastique PE, est lui utilisé pour la plupart des contenants plastiques de notre vie courante.
Il existe beaucoup d'autres types de plastiques, mais celui qui va nous intéresser c'est principalement le PET.
L'exploitation du pétrole
Nos niveaux de conscience et de connaissances sont suffisamment alimentés depuis les années 70 pour savoir que le pétrole est une ressource naturelle qui s'épuise inexorablement, qu'elle est source de pollutions, d'émissions de CO2, de conflits etc. Je ne développerai pas cette partie autant que pour le sable et la bauxite, car je me dis que pour ces 2 derniers, l'information n'est pas aussi abondante que pour le pétrole.
L'utilisation du plastique en cosmétique
Comme en alimentaire, la plupart des contenants de vos cosmétiques est en plastique PET (vous pouvez donc les trier dans la poubelle jaune !)
Chez l'Absolue, les pots des baumes 100 ml et 250 ml sont en PET.
Le pot de 500 ml est en PEHD et celui du baume à lèvres est en PP.
Le PET est entièrement recyclable, les filières de tris et de recyclage existent.
Le PET est sujet à débat :
"le PET contient bien un phtalate, le téréphtalate, qui entre dans la composition du polyester des bouteilles, mais son activité hormonomimétique, s’il est libéré dans l’eau, est très faible, et aucun effet délétère n’a, à ce jour, été démontré chez l’animal”, Éric Houdeau, chercheur à l'INRA.
"Le bisphénol A est le constituant de base (monomère) qui après réaction chimique (polymérisation) devient le polycarbonate, une matière plastique complètement distincte du PET [...]. Dans le polyéthylène téréphtalate, le terme phtalate qualifie une fonction chimique du produit et non les substances « phtalates », obtenues par estérification de l’acide phtalique, ce qui peut expliquer certaines confusions", Elipso.
Aucune substance phtalate n’est donc utilisée dans le processus de fabrication du PET.
D'autres disent que c'est le PET recyclé qui contient du phtalate, dû au tri imparfait d'autres plastiques, certains encore disent que le PET est sûr et sans transfère vers le contenu, tant qu'il n'est pas chauffé.
D'autres choix possibles ?
Il existe le plastique bio sourcé 100% recyclé, 100% biosourcé (notamment issu de matières végétales), 100% dégradable ! Encore peut développée, c'est une alternative prometteuse ! Je suis en recherches actives pour vous proposer d'autres contenants ! J'ai trouvé un fournisseur, mais son minimum de commande est de 10 000 unités de pots. Je n'atteins pas encore ce niveau de production... 😅. Alors je prospecte encore.
Conclusion : Le plastique, la matière la moins chère à produire parmi le verre et l'aluminium, présente aussi, comme les autres, des points négatifs. La meilleure alternative à vos contenants plastiques de vos cosmétiques, c'est qu'ils soient bio sourcés.
LE VERRE
La composition
Les matières premières : agents vitrificateurs ou oxydes formateurs
Le verre est composé à 70 à 80 % de silice (sable) et de calcin (verre recyclé). Ces 2 composants varient en fonction de la destination du produit fini : verre recyclé (la proportion de calcin peut atteindre 90%) ou non recyclé (la proportion de silice peut être de 100%).
Les composants qui permettent de former le verre que nous connaissons : les agents modificateurs ou oxydes modificateurs
Les agents fondants : la soude et la potasse
Les agents stabilisants : la chaux, l’alumine, la magnésie
Ces agents modificateurs représentent 20 à 30% du verre.
La fabrication
La fusion
Pour mélanger les agents vitrificateurs et les agents modificateurs, ces composants sont portés à 1300 - 1400 degrés Celsius.
La mise en forme
Une fois fondu, le verre est d'abord pressé puis soufflé pour lui donner sa forme finale.
Finalisation : la recuisson
Cette recuisson est nécessaire pour avoir une solidité homogène du verre. Les contenants passent alors dans un four de recuisson à 500 - 550 degrés Celsius.
L'exploitation de la matière première : le sable
L'exploitation du sable arrive en deuxième position des ressources les plus utilisées, l’eau. Il est exploité, certes, pour fabriquer du verre, mais aussi pour diverses infrastructures, comme nos routes, nos bâtiments, pour la création d'îles artificielles (🙄), pour des composants électriques et électroniques (smartphones, tablettes, ordinateurs, etc).
Et comme toute matière première disponible sur notre planète, le sable n'est pas une ressource renouvelable et sa raréfaction laissent présager des désastres écologiques, voire l'émergence de conflits : quand une matière première se fait rare, elle devient précieuse. Des filières mafieuses émergent alors pour son exploitation et ravir les pays qui doivent construire pour loger une population mondiale portée à 8 milliards d'habitants.
Cette désormais surexploitation, se fait toujours au détriment des droits humains et au détriment de la biodiversité (Le sable, enquête sur une disparition 2013 (extrait)).
Au départ, le sable était extrait dans des carrières, mais la multiplication des constructions d'infrastructures et nos besoins toujours croissants, a épuisé les stocks disponibles (rares sont les pays où il est encore possible d'extraire du sable dans les carrières).
La solution : aller chercher le sable sur les plages ou les océans et les mers, le plus près des côtes, pour des raisons de coûts d'exploitation.
Conséquences :
➡️ l'érosion des côtes qui accroît les risques d'inondation : on enlève une barrière naturelle qui protège contre les fortes vagues par temps de tempêtes.
➡️ des plages disparaissent : parmi elles, 24 plages indonésiennes ont disparu, et 9 plages sur 10 de Floride sont menacées de disparition.
➡️ des fonds marins détruits : ce qui représente un facteur supplémentaire qui menace toujours plus la faune et la flore marine.
➡️ pour être exploité à des fins industrielles, ce sable doit d'abord être dessalé à l'eau douce, or nous connaissons déjà la problématique de la pénurie mondiale d'eau douce...
NB : Malheureusement, il n'est pas possible d'exploiter le sable des déserts, car polis par le vent, les grains de sable des déserts sont trop lisses et réguliers pour permettre une bonne fusion des agents vitrificateurs et les agents modificateurs.
Conclusion : le verre n'est pas la solution miracle et la meilleure alternative à vos contenants cosmétiques, sauf s'il est recyclé, ce qu'on sait faire ! Cela serait une meilleure alternative, mais... bien qu'en alimentaire, on trouve des filières pour fabriquer du verre recyclé, il est difficile de trouver un fournisseur de pot en verre recyclé pour la cosmétique, et s'il y en a quelques-uns, le coût de revient (élevé) augmenterait le prix final du produit cosmétique, d'au moins 45% pour mes baumes (le baume Mains Douces passerait de 11€ à 20€ par exemple !).
Et enfin purement pratique pour l'Absolue, rare sont les contenants en verre d'une capacité 250 ml et 500 ml, quantité que je propose pour le baume mon Corps.
L'ALUMINIUM
La composition
La matière première : la bauxite
La bauxite tient son nom des Baux-de-Provence, où ce minerai a été découvert en 1831 par le Français Pierre Berthier.
Cette matière contient entre 40 et 60 % d’oxyde d’aluminium hydraté mélangé à de la silice et à de l’oxyde de fer. C’est l'oxyde de fer qui donne sa couleur rouge caractéristique à la bauxite.
La bauxite est l'un des principaux minerais qui compose la croûte terrestre. Ce sont donc des mines à ciel ouvert qui permettent son extraction. Les principales réserves minières de bauxite se situent en Amérique centrale, en Afrique et en Australie.
La fabrication
Le processus de transformation
Il faut 4 tonnes de bauxite pour obtenir 2 tonnes d’alumine, desquelles on extrait par électrolyse 1 tonne d’aluminium.
1️⃣ La bauxite est d'abord broyée puis mélangée à une solution de soude caustique, de chaux et d'eau. Ce mélange est chauffé à très haute température, on obtient alors une solution d'aluminate de sodium.
2️⃣ L’aluminate de sodium est débarrassée de ses impuretés (boues rouges), puis diluée et refroidie, ce qui provoque la précipitation d’oxyde d’aluminium hydraté. À ce stade, le produit obtenu est cristallisé en une poudre blanche d'alumine.
3️⃣ La poudre d'alumine passe dans un four, pour être déshydratée. On obtient de l'alumine calcinée.
4️⃣ L'alumine calcinée est placée sous électrolyses pour former de l'aluminium fondu, pur à 99,9%.
5️⃣ L'aluminium fondu est alors conduit en fonderie pour être traité et mis en forme.
L'exploitation de la bauxite
À la source : Les mines de bauxite ont un impact environnemental très important sur le territoire d'exploitation. Étant des mines à ciel ouvert, l'impact sur l'environnement, souvent irréversible, est plus visible que la mine souterraine : l'extraction de la bauxite implique la déforestation, l'érosion des sols et fragilise, voire élimine l'écosystème présent.
Au produit transformé : pendant le processus industriel de transformation de la bauxite à l'aluminium, il y a une étape très controversée : l'élimination des boues rouges. Ces boues rouges sont des déchets industriels composés de plusieurs métaux lourds dont l’arsenic, le fer, le mercure, la silice ou le titane.
En France, jusqu'au 31 décembre 2015, ces boues rouges ne sont pas récupérables ou transformables et il n'existe alors pas de filière de traitement de ce déchet. Elles sont déversées dans la méditerranée, à 7 km des côtes (on parle quand même de 20 millions de tonnes de boues rouges, l'équivalent de 10 fois la surface de Marseille, déversée pendant 50 ans...), où la pêche est restée autorisée...
Au 1er janvier 2016, le producteur de ce déchet (donc le fabricant d'aluminium), doit trouver une autre solution pour se débarrasser de ses déchets. L'entreprise a mis au point un procédé pour séparer les matières solides (la boue rouge) des matières liquides (l'eau) :
La matière solide est stockée dans une décharge
L'eau (qui n'est pas débarrassée des métaux lourds issus de la transformation de la bauxite en aluminium) est toujours rejetée en mer (dépassant les plafonds autorisés en mercure, en arsenic, en aluminium, en fer notamment), avec l'accord de l'État de procéder ainsi jusqu'en 2022.
🙄 Imaginez qu'ailleurs dans le monde, il n'existe pas de réglementation pour le traitement des boues rouges. Ou peut-être que les industriels de l'aluminium, pour ne pas répondre à des réglementations trop contraignantes, transforment la bauxite sur le lieu d'extraction et les boues rouges rejetées sur place... Tout est possible !
Conclusion : comme pour le verre, et le plastique, l'aluminium n'est pas non plus la solution miracle et la meilleure alternative à vos contenants cosmétiques, sauf s'il est recyclé, ce qu'on sait faire et qui a l'avantage d'être moins énergivore et de ne pas générer de boues rouges !
Cela étant dit, il y aurait des suspicions de transfert de l'aluminium vers le produit cosmétique. Dans quelles proportions, nous ne le savons pas. Ce que l'on sait, c'est que l'absorption de l'aluminium dans l'organisme, peut provoquer des maladies du système nerveux et du tissu osseux.
CONCLUSION GÉNÉRALE
Les 3 types de contenants présentés ont tous un impact environnemental et humain équivalent,
parce qu'ils sont fabriqués à partir de matières premières non renouvelables,
parce que l'extraction du pétrole, du sable ou de la bauxite détruit tout un écosystème,
parce que les processus de fabrication sont énergivores et polluants.
➡️ C'est à ce titre qu'on ne peut pas affirmer que le verre ou l'aluminium ou le plastique est mieux que l'autre.
Concernant la cosmétique, pour ces 3 types de contenants, bien que les filières de recyclage existent, peu de fournisseurs proposent du verre, de l'aluminium ou du plastique recyclé pour vos produits de beauté. De plus,
Le coût de revient du verre recyclé, demande autant d'énergie pour être transformé, son coût de revient est élevé et il reste lourd à transporter,
bien que recyclable à l'infini, je ne connais pas de fournisseur de contenant aluminium pour la cosmétique. Et ce n'est pas faute d'avoir fouillé...
la filière bio sourcée du plastique débute et est difficilement accessible pour une production artisanale comme la mienne (minimum de commande de 10 000 unités, je suis loiiiiin de ce quota !)
À ce jour, et à la lumière des recherches que j'ai faites, je pense rester sur le plastique, car bien que décrié et à juste titre, il existe des débouchés alternatifs que ne proposent pas les filières du verre ou de l'aluminium. 💡 Si je parviens à trouver un fournisseur de contenants plastiques bio-sourcés, je trouve la solution à toutes les problématiques soulevées dans cet article.
Si vous avez une solution de plastique bio-sourcé à proposer 👉 contactez-moi à contact@l-absolue.Fr
Merci d'être allé jusqu'au bout !
Prenez soin de vous, Estelle
Sources
Chapitre sur le verre
Rapport des Nations Unies du 7 mai 2019 "Sand and Sustainability: Finding new solutions for environmental governance 2of global sand resources"
Paprec "la fabrication du verre"
Fédération de l'industrie du verre
Article de TV5 Monde "Pénurie de sable : un enjeu planétaire, environnemental et économique"
Article de Consoglobe "Le sable, une ressource en voie de disparition"
Chapitre sur l'aluminium
Fabrication de l'aluminium industriel par Larousse média
Institut de l'histoire de l'aluminium
Article Ecoverre "l'aluminium, les impacts environnementaux"
Article de Novethic "boues rouges"
Article France Info "le scandale des boues rouges"
Documentaire Thalassa "Boues rouges, la mer empoisonnée"
Article de l'ANSES "exposition à l'aluminium par l'alimentation
Chapitre sur le plastique
Article de Paprec " fabrication du plastique, l'extraction des matières premières"
Article de Protégez-vous "7 familles de plastique"
Organisation professionnelle des entreprises de l’emballage plastique et souple